Fête de l’Epiphanie
Abbé Jean Compazieu | 28 décembre 2008Fête de l’Epiphanie
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La nuit de Noël, nous avons fêté dans la joie la naissance de Jésus. Cette bonne nouvelle a été annoncée aux bergers : “Aujourd’hui, vous est né un Sauveur…” A travers eux, c’est le mystère de la foi qui est révélé aux petits, aux pauvres et aux exclus. Ils ont été les premiers à se mettre en route vers la crèche. Cette révélation du Christ aux pauvres, nous la retrouvons dans tout l’évangile de Saint Luc. Elle doit rester une priorité pour l’Eglise d’aujourd’hui et aussi pour chacun de nous.
En cette fête de l’épiphanie, c’est un autre aspect de Noël qui est mis en valeur. L’évangile nous raconte l’histoire de ces mages qui ont découvert une étoile leur annonçant la naissance d’un nouveau roi. Et ils ont tout quitté ; ils se sont mis en route pour aller se prosterner devant lui. Mais l’étoile qui les guidait a disparu. Ils s’arrêtent donc à Jérusalem ; naturellement, ils commencent vont s’adresser au roi de cette ville. Les mages sont des grands de ce monde et ils imaginent le nouveau roi issu de leur milieu.
Voilà donc ces étrangers qui arrivent à Jérusalem et qui font leur enquête : “Où est le roi des juifs qui vient de naître ?” Cette nouvelle suffit à terroriser Hérode qui croit à un complot. Il va tout faire pour éliminer ce qu’il croit être une rébellion. Il commence par envoyer les mages à Bethléem. Ceux-ci se remettent en route et finissent par trouver le “Roi des juifs” dans ce petit enfant de la crèche. Dans ce récit de l’Epiphanie, il est frappant de constater que tous ceux qui étaient les mieux placés pour reconnaître le Messie sont passés royalement à côté : les prêtres et les scribes qui connaissaient les prophéties, Hérode qui avait pris la peine de se renseigner auprès des experts en Ecriture Sainte. Ce sont les bergers, des exclus et des ignorants qui se dérangeront ; puis les mages, des hommes venus du monde païen. Chacun a su être réceptif aux signes de Dieu.
Le grand message de cet évangile, c’est la manifestation du Christ au monde. Les mages ne connaissent pas le vrai Dieu. C’est lui qui leur a fait signe et ils se sont mis en route. L’annonce de la naissance du Sauveur est aussi pour eux. Quand saint Matthieu écrit son évangile, il s’adresse à des chrétiens d’origine juive qui ont du mal à accepter les païens convertis. C’est pour répondre à leurs questions qu’il écrit son évangile. Cette fête annonce que bientôt, l’attention de Jésus se portera aussi vers ceux qui ne sont pas juifs, la cananéenne, la samaritaine, le centurion romain, le bon larron. Plusieurs fois, il louera devant les juifs eux-mêmes, la foi plus grande de ces païens. Solidaire de tous les hommes, il les accueille tous sans exception.
Le message est clair : Le Christ est venu dans le monde pour tous, y compris pour ceux qui sont étrangers à la foi des chrétiens. C’est aussi une manière de nous interpeller sur la manière dont nous accueillons les étrangers et les nouveaux venus qui arrivent chez nous. Le Christ attend de notre part un accueil à la mesure du sien. C’est ensemble, les uns avec les autres, que nous sommes appelés à la crèche de Noël. Saint Paul nous dit que le grand projet du Christ, c’est de rassembler tous les hommes. Tous sont appelés au même héritage et à la même promesse. Le “mystère de Dieu” est révélé à tous, juifs et païens. La promesse du Salut est pour tous, car tous sont appelés à être membres du même corps. Voilà une conviction qui devrait changer radicalement notre regard sur les autres. Nous sommes tous membres du même corps.
Dieu a donné à chaque homme, comme aux mages, une étoile pour les guider vers le beau, le bien, vers son Royaume d’amour. Tout le merveilleux qu’il y a en chaque homme révèle l’étoile. Même chez le plus endurci, il peut surgir un geste de tendresse. Ce n’est pas pour rien que la Bible nous dit que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Notre mission, c’est de révéler la présence de cette étoile qui brille en chacun.
Aujourd’hui, un homme sur cinq a entendu parler de Jésus et adhère plus ou moins consciemment à son message. Le continent asiatique, qui connaît la plus forte expansion démographique, est presque étranger à la foi de l’Eglise. En ce dimanche, notre solidarité et notre prière sont tout spécialement pour les communautés chrétiennes d’Afrique. Et bien sûr, nous n’oublions pas nos pays d’ancienne chrétienté qui ont un besoin urgent d’une nouvelle annonce de l’Evangile. Le Christ doit être présenté à tus avec le même chaleur et la même joie que Marie aux mages.
“Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ?” Il est dans le Pain Partagé, dans l’Eucharistie que nous allons célébrer ensemble. “Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant…” Paradoxalement, Hérode nous donne un bon conseil : Se renseigner sur le Christ, être des chercheurs de Dieu pour mieux le connaître et en témoigner autour de nous. Les incroyants attendent de nous une foi plus éclairée. Après nous être nourris de la Parole et du Corps du Christ, nous sommes invités à repartir “par un autre chemin” pour rendre compte de l’espérance qui nous anime. Que cette Épiphanie soit la fête de tous ceux qui cherchent Dieu !
D’après diverses sources
Dimanche 4 janvier 2009 – EPIPHANIE – Année B – Evangile de Matthieu 2, 1-12
La Vérité de l’ Histoire des Mages
Pendant des siècles, les Evangiles ont été lus de façon simple, ils étaient crus au premier degré. Avec l’esprit critique, l’interrogation historique s’est acérée et l’homme moderne se demande toujours “si cela s’est bien passé comme c’est écrit ?” Ainsi la T.V. vient de nous présenter un documentaire qui scrutait la “réalité” de l’histoire des mages que nous fêtons aujourd’hui. Trop de croyants sont déstabilisés et craignent d’avoir été victimes de superstitions. Or la critique moderne nous conduit à une lecture vraie.
Il importe tout d’abord de revenir au texte original et d’éliminer les traits légendaires qui s’y sont ajoutés: Matthieu ne parle pas de “rois”, ne précise ni leur nombre ni leur nom, n’évoque pas un impressionnant cortège de chameaux avec soldats et esclaves. Tout cela fait partie de la légende.
Ensuite il faut essayer de comprendre le sens profond de ce récit et voir comment il nous atteint. A quoi servirait de trouver la date de l’apparition de cette mystérieuse étoile si moi, aujourd’hui, je ne découvre pas l’étoile qui est le Christ de mon existence ?
Pour actualiser le texte, on peut le lire comme une illustration du grand problème – très moderne – des rapports de la raison et de la foi.
LE GRAND LIVRE DE LA NATURE
Les mages ne sont pas des rois mais les savants de l’époque. En Mésopotamie, en Arabie comme en Egypte et en Grèce, il y avait des observateurs qui scrutaient le ciel pour y déceler les messages des dieux et comprendre les signes avertisseurs de l’avenir. Tous les grands événements (fondation d’une ville nouvelle, déclaration de guerre, naissance du prince héritier) devaient être référés au ciel afin que tout se déroule selon la volonté des dieux. Et la majesté des astres en faisait des dieux que l’on adorait.
Depuis longtemps, nous avons appris à séparer astronomie et astrologie, recherche scientifique et divination hasardeuse. Une nuée de savants scrutent le ciel avec l’aide d’extraordinaires moyens techniques: grâce aux télescopes géants et aux navettes spatiales, nous pénétrons de plus en plus profondément dans les secrets du monde, nous remontons jusqu’aux origines de l’univers. Pour les croyants, ces découvertes provoquent la reconnaissance d’un Dieu Créateur et conduisent à l’adoration émerveillée.
“Les cieux racontent la Gloire de Dieu;
le firmament proclame l’œuvre de ses mains” (psaume 18)
Mais l’univers continue de poser la question de son sens pour nous. Il ne suffit pas de préciser son âge et de percer ses lois: nous avons besoin de nous tourner vers l’avenir.
Où allons-nous ? L’histoire n’est-elle qu'”une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien” ( Shakespeare) ? Sommes-nous enfermés dans l’éternel retour des choses, condamnés à accepter la loi de la jungle, la victoire des puissants ? Devons-nous nous résigner à l’injustice régnante, à l’écrasement des plus faibles en attendant la chute dans le néant ?
La tyrannie du mal et l’obscurité de l’avenir posent des questions auxquelles il est impératif de répondre. Y a-t-il ou non une clarté dans notre nuit ? Où trouver la réponse ?
Bref LE LIVRE DE LA NATURE nous émerveille et nous intrigue: nous restons “à sauver” et demain que serons-nous ?…Aucun astre, aucun soleil, aucune science ne peut nous sauver.
Donc la raison doit aller outre. Il est raisonnable d’aller au-delà des calculs. Là est la première audace des mages: ils ont compris que la solution du mystère n’apparaîtrait jamais au bout de leurs lunettes. Il fallait quitter leur observatoire et se mettre en recherche. Vers quoi ?
Vers le peuple qui détenait un AUTRE LIVRE.
LE GRAND LIVRE DE L’ESPERANCE.
Les pyramides égyptiennes, la philosophie et l’art grecs n’apportant pas la solution à leur inquiétude, les voyageurs se dirigèrent vers un petit peuple, Israël, qui présente au monde un livre unique: la Bible. Plus que les archives d’une nation, elle est fondamentalement le livre de l’ espérance.
Toute tournée vers le futur, elle révèle qu’il n’y a qu’un monde, qu’un Dieu, qu’un avenir. Donc que nous ne tournons pas en rond dans une cage.
L’histoire, dit la Bible, est le déroulement d’un projet du Créateur, elle est histoire du salut. L’humanité sera sauvée, c’est-à-dire libérée de son mal et conduite à son accomplissement par un Roi que Dieu désignera et couronnera. On l’appelle le MESSIE, le CHRIST, le SAUVEUR.
Les mages se rendent donc à Jérusalem, la capitale d’Israël, persuadés que le Messie est là. Or il ne se trouve ni au palais ni au temple. Mais un ancien prophète a dit jadis qu’il naîtrait à Bethléem, un petit village de Judée. Les théologiens transmettent cet oracle aux mages…mais au lieu de les accompagner vers cet endroit, ils restent enfermés dans leurs palais, leurs liturgies et leurs études. On peut être un bon exégète et refuser de suivre les indications du texte !
Les mages, pugnaces, persévérants, reprennent seuls la route et effectivement ils découvrent à Bethléem un nouveau-né. Le Roi du monde n’est pas né dans un palais, ne repose pas dans un berceau luxueux: il n’est qu’un fils d’artisan, endormi dans un logis tout simple.
Nouvelle audace des mages: ils osent CROIRE. Ils sont convaincus: c’est bien lui, Messie aussi pour les païens! Ils reconnaissent la vérité de cet enfant pauvre: ils lui offrent leurs cadeaux en signe de reconnaissance et d’adoration.
Cette découverte du Christ change les cœurs, elle modifie la vie, elle pousse à prendre d’autres routes ; c’est pourquoi S. Matthieu termine son histoire en disant : Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin
La RAISON et la FOI ne sont donc pas ennemies; au contraire elles sont comme “les deux ailes” (Jean-Paul II repris par Benoît XVI) qui permettent d’assurer le voyage et d’aboutir à la découverte adorante du Seigneur. Devant Jésus le pauvre, science et Evangile se rejoignent. Sans la foi la raison resterait aveugle; sans la raison, la foi tomberait dans la superstition.
ACTUALITE DE L’EPIPHANIE
Voyons comment l’aventure des mages est “vraie” lorsqu’elle devient notre histoire.
Perdus dans l’immensité de l’univers, nous sommes émerveillés parce qu’il nous révèle la Grandeur et la Splendeur de Dieu. Et nous admirons le travail prodigieux des savants, l’audace des cosmonautes.
Mais plus les découvertes progressent, plus l’énigme s’aiguise: quel est le sens de cette aventure cosmique et humaine ? Le laboratoire appelle à un oratoire.
Où est la lumière ? Où est la vérité que notre cœur pressent ? Chercher. Ouvrir le Livre de la Révélation: ” Jésus dit: Je suis la Lumière du monde”. Et nous mettre en route. Ne pas seulement étudier et connaître les Ecritures mais se laisser mobiliser par elles.
Abandonner un Dieu de Puissance pour reconnaître un Dieu petit, faible, pauvre. Au lieu de chercher à s’enrichir, ouvrir son cœur et ses mains.
Offrir son or ( partage ) ; offrir l’encens ( élan de prière et d’adoration ) ; offrir la myrrhe
( aromate pour ensevelir les défunts – càd. accepter la mort par amour)
Et ainsi se convertir, modifier sa façon de vivre, prendre un autre chemin.
Devenir soi-même pour les autres non une “star” mais “une flamme” qui témoigne doucement de la vérité. Car la chose essentielle qui manque aux hommes, c’est l’ ESPERANCE.
Prenons la route 09 et suivons l’Etoile.
R. D… , dominicain
Mondialisation – Epiphanie –
« Les nations marcheront vers ta lumière » Comme nous voudrions voir se réaliser cette prophétie d’Isaïe (1ère lecture) au moment où, même au pays de Jésus, s’exaspèrent la haine et la violence ; où des guerres occasionnent toujours quantité de destructions, de morts d’innocents de tous âges, conditions, cultures ou religions
« Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut » Comme serait grandement souhaitable ce temps où, à l’écoute de l’antienne et du Psaume, « tous les pays serviront » Le Seigneur, Dieu en Jésus Christ, a manifesté son souci des pauvres et des malheureux, des petits et souffrants de toutes catégories, dans sa mission rédemptrice de toute l’humanité
Voilà bien des vœux à exprimer pour 2009 … et pour tous les temps à venir !
Dans notre monde où nous voyons par trop encore triompher dictatures, égoïsmes de bien des nations, guerres, crimes, terrorisme ; où trop d’humains, oubliant les commandements divins, ne pensent qu’à gagner plus, jouir de plaisirs anti-évangéliques, faut-il désespérer ?
St Paul (2ème lecture) atteste d’une « révélation » du «mystère du Christ » : des « païens associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile ». Tout ce qui était assuré au peuple élu devient ainsi l’héritage de toute l’humanité. La promesse de vie éternelle, de résurrection, de divinité partagée dans la gloire du Christ, dans un amour en plénitude, oui, voilà ce qui adviendra.
L’Evangile, avec la visite des mages au « roi des Juifs » doit renforcer cette espérance. Guidés par une étoile – peu importe sa constitution – ces mages représentent le monde païen de l’époque. Ils sont à la recherche du Messie promis par Dieu au peuple élu. Ils s’adressent au roi actuel de ce peuple, Hérode, avec l’espoir d’une indication du lieu où se trouve l’enfant « qui vient de naître ». Bethléem est mentionné.
Nous connaissons la suite : guidés à nouveau par l’étoile ils arrivent à la maison où « ils virent l’enfant avec Marie sa mère ». Adorant l’enfant ils offrent de l’or (signe de royauté), de l’encens (signe de divinité), de la myrrhe (signe déjà de sa passion et sa mort). « Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ». C’est pour tous les hommes celui de l’Evangile. A lire de préférence à l’horoscope !
Un Evangile qui, en résumé, dans l’humilité, la pauvreté de Dieu enfant, projette déjà dans l’avenir son triomphe sur le péché et la mort. Le mystère pascal le mettra en lumière dans l’amour. On ne tue pas Dieu ! On ne tue pas l’Amour ! Il ressuscite !
Dans l’attente du monde nouveau il nous faut cependant être témoins d’un monde où la puissance démoniaque a encore son pouvoir. L’humanité ressemble à une vaste rivière avec toutes sortes de poissons (les hommes). Par les péchés humains les eaux en sont plus ou moins polluées jusqu’à menacer leur destruction. Le démon, le Mauvais, nommé aussi le Malin, appâte pour saisir dans ses filets ceux qui, hors de l’eau, ne peuvent que périr.
La seule et vraie ressource est déjà de comprendre que cette rivière, création divine, a une source qui s’appelle Jésus Christ. Remonter en sa direction, non sans efforts, mais avec son aide et celle de son Eglise, c’est le connaître, vivre de l’abondance de son amour, partager un jour sa gloire divine.
S’il y a une mondialisation qui s’opère de la haine et de la violence, existe celle de l’amour. Les moyens de communication entre les humains, fortement développés, sont connus. Utilisons-les pour mieux aimer, pour bâtir avec Jésus ce Royaume de l’Amour où il saura nous conduire si nous savons aimer « à son image ».
Père Jean M
Permettez-moi de vous dire un grand merci pour vos homélies et commentaires qui m’aident à lire et méditer les textes, ainsi qu’à préparer des célébrations pour 2 maisons de retraite à Vichy et à Bellerive où nous regroupons chaque semaine entre 20 et 25 personnes pour prier ensemble.
Que la Paix, la Joie et l’Espérance de Noël chantent en vous tout au long de cette nouvelle année !! Et union de prières pour Gaza.
Colette Diarra . ( laïque du S.E.M.)
P.S. Je n’ai pas réussi à envoyer la pétition pour Gaza, bien que j’ai renseigné toutes les rubriques demandées.
Il faut dire que vous avez le don de lire les textes du dimanche avec les lunettes de notre temps. vos publications sont donc un recuel de pistes à adapter et à exploiter pour une prédication qui veut être à la page. Mes félicitations cher confrère!